Que se passe-t-il en Alberta?
Egale explique
Cette page a été publiée en février 2024
31 janvier 2024 | Communiqué de presse d’Egale concernant cette annonce (anglais)
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Danielle Smith, première ministre de l’Alberta, a diffusé une vidéo décrivant le projet du Parti conservateur unifié pour une attaque radicale contre les personnes 2SLGBTQI en Alberta.
Les mesures politiques annoncées sont sans précédent au Canada. Elles vont à l’encontre des avis des spécialistes, et notamment des professionnel·les de la santé. Si elles sont mises en œuvre, ces politiques obligeraient les professionnel·les de la santé et de l’éducation à prendre des mesures tout en sachant qu’elles causeront du tort et de la souffrance aux jeunes à leur charge.
L’attaque de l’Alberta ne concerne pas seulement les jeunes – elle vise spécifiquement les personnes 2SLGBTQI et représente une attaque contre toutes les personnes 2SLGBTQI.
Voici ce que le gouvernement de Smith a l’intention de faire :
✙ Santé
La Politique
- Interdire les traitements hormonaux d’affirmation de genre, notamment les inhibiteurs de puberté, pour toutes les personnes âgées de moins de 16 ans, sauf si la jeune personne a déjà commencé un traitement hormonal.
- Exiger le consentement des parents pour permettre aux jeunes de 16 et 17 ans de commencer des traitements hormonaux.
- Interdire les chirurgies du torse et génitales pour toutes les personnes âgées de moins de 18 ans.
Résumé de la Politique
Toutes les associations médicales réputées, notamment la Société canadienne de pédiatrie, s’accordent à dire que les soins d’affirmation du genre sont nécessaires sur le plan médical et sauvent souvent des vies. Personne ne prend de décisions médicale à la légère, et aucune solution n’est universelle. Les décisions relatives aux soins d’affirmation du genre doivent être prises comme toutes les autres décisions médicales pour les jeunes : elles doivent être le résultat de réflexions approfondies d’un·e professionnel·les de la santé sur les circonstances et les besoins individuels d’un·e jeune. Ces décisions doivent rester du ressort des jeunes, de leurs médecins et de leurs familles.
Le gouvernement cherche à politiser les soins de santé et à imposer des souffrances incommensurables à des jeunes vulnérables pour marquer des points faciles sur le plan politique. Les jeunes 2SLGBTQI ont trois à cinq fois plus de risques d’avoir des idées suicidaires que leurs pairs. Les chercheur·se·s ont démontré que l’accès à une transition médicale, si elle est souhaitée, est associé à toute une série de bienfaits pour la santé mentale des personnes trans et de genre divers, et notamment à une baisse des idées suicidaires. Les jeunes ont besoin du soutien de professionnel·les de la santé dignes de confiance et ne doivent pas se voir refuser les soins de santé qui leur sont nécessaires.
✎ Éducation
La Politique
- Exiger une notification aux parents et un consentement parental avant d’enseigner en classe sur l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou la sexualité des personnes.
- Tous les supports pédagogiques relatifs à l’orientation sexuelle, à l’identité de genre et à la sexualité des personnes devront être approuvés au préalable par le ministère de l’Éducation.
- Pour les jeunes de moins de 16 ans, le consentement parental sera demandé pour changer son prénom et ses pronoms à l’école.
- Pour les jeunes de 16 et 17 ans, les parents seront notifiés de toute demande de changement de nom ou de pronom à l’école.
Résumé de la Politique
Le rôle de l’éducation publique est notamment de permettre aux jeunes d’en apprendre plus sur la société dans laquelle iels vivent dans toute sa diversité. Tou·tes les jeunes doivent avoir la possibilité de se voir et de voir leur famille reflétée à l’école, ainsi que d’apprendre à connaître les familles qui sont différentes de la leur.
Le gouvernement rend délibérément les écoles moins inclusives et ouvertes pour les élèves 2SLGBTQI et les élèves avec des parents 2SLGBTQI. L’enquête d’Egale sur le climat dans les écoles, Encore dans chaque classe de chaque école, a révélé que les élèves trans de l’Alberta souffraient du plus grand taux de harcèlement verbal du pays. En effet, 90 % des élèves trans de l’Alberta ont été harcelé·es verbalement en raison de leur identité de genre et/ou sexuelle. Les élèves 2SLGBTQ de l’Alberta étaient également plus susceptibles que les élèves d’une autre province de déclarer que les sujets relatives aux relations amoureuses ou à la sexualité n’étaient jamais abordés en classe (58 %), et que lorsque les relations 2SLGBTQ étaient abordées, c’était de manière négative (14 %). Les élèves des écoles de l’Alberta ont besoin de davantage de soutien de la part des adultes qui les entourent, pas de moins.
Cette étude a également révélé que les participant·es à qui l’on avait interdit d’utiliser le prénom ou les pronoms de leur choix avaient une opinion beaucoup plus négative de leur école que les élèves trans à qui l’on n’avait pas interdit de le faire. Les élèves trans à qui l’on avait interdit d’utiliser le prénom et les pronoms de leur choix étaient plus susceptibles d’être d’accord avec ces affirmations : « J’ai du mal à me sentir accepté·e dans mon école » (77 % contre 50 %); « J’aimerais être dans une autre école » (59 % contre 29 %); « Je n’aime pas être à l’école » (80 % contre 57 %). Des études ont montré que les élèves trans ou de genre divers qui se sentent à leur place à l’école étaient moins susceptibles de déclarer ressentir un profond désespoir. Le gouvernement empêche les écoles de promouvoir le bien-être des élèves 2SLGBTQI.
Il est inadmissible de forcer les jeunes à choisir entre être victimes de mégenrage et divulguer leur identité sexuelle ou de genre, tout comme il est inadmissible de forcer des enseignant·es à ignorer leur éthique professionnelle et à faire du tord à leurs élèves.
☉ Sport
La Politique
- Travailler avec les organisations sportives actives dans la province pour s’assurer que les femmes et les filles cis peuvent choisir de concourir dans des divisions « réservées aux femmes » qui excluent les femmes trans.
Résumé de la Politique
Nous ne savons pas encore ce à quoi la politique ressemblera dans la pratique, car les organisations sportives fixent leurs propres critères en matière de compétition. Néanmoins, ici encore, le gouvernement de l’Alberta répond clairement à une panique morale qui a gagné du terrain ces dernières années.
Le gouvernement de l’Alberta a proposé d’interdire aux femmes et filles trans de participer aux compétitions sportives féminines simplement parce qu’elles sont trans.
Cela va à l’encontre du Cadre de 2021 sur l’équité, l’inclusion et la non-discrimination sur la base de l’identité sexuelle et de l’intersexuation du Comité olympique international, qui conseille aux organismes sportifs de veiller à ce que les « athlètes ne soient pas exclus uniquement sur la base de leur identité de transgenre ou de leur intersexuation ».
Par le passé, les personnes 2SLGBTQI ont déjà rencontré des obstacles à la participation aux organisations et opportunités sportives officielles et non officielles. Ces obstacles sont notamment le manque de toilettes et de vestiaires sûrs et accessibles, les propos intimidants et la violence, ainsi que l’obligation de se conformer à la conception binaire du genre. Les obstacles rencontrés par les personnes 2SLGBTQI dans le domaine du sport sont particulièrement préoccupants, car les bienfaits de la participation à des communautés sportives pourraient éventuellement compenser les nombreux problèmes de santé physique et mentale rencontrés par les personnes 2SLGBTQI.
Les études ont confirmé les nombreux bienfaits physiques et sociaux que procure le sport : l’activité physique a des effets bénéfiques à long terme sur la santé, elle aide notamment à réduire le stress et l’anxiété, a des effets cardiovasculaires positifs et améliore l’estime de soi et la confiance en soi. Et pourtant, une étude de Trans PULSE Ontario de 2014 avait révélé que 44 % des personnes trans et 54 % des personnes non binaires avaient déjà évité de se rendre dans un gymnase ou une piscine par peur du harcèlement et/ou de la violence. Une étude de 2017 réalisée auprès de 1 008 athlètes du Canada avait montré que 67 % des athlètes LGB et 85 % des athlètes trans avaient subi au moins un incident homophobe.
Nous suivrons la progression de cette promesse politique transphobe et continuerons à nous battre pour que le sport soit ouvert et inclusif.
Les communautés 2SLGBTQI sont attaquées. Nous avons besoin de votre aide.
Nous en apprendrons davantage au fur et à mesure de l’évolution de cette affaire et engagerons des actions en justice pour contester ces atteintes à nos droits.
Mais pour cela, nous avons besoin de votre aide.
Nous n’avons jamais été confrontés à une attaque aussi directe contre nos communautés de la part d’un gouvernement élu. Nous avons besoin de vos dons dès maintenant.